Jeudi 5 juin18h30
Ancien élève de Fernand Braudel et maître assistant de Claude Lévi-Strauss, Maurice Godelier a été titulaire de la chaire d’anthropologie au Collège de France, puis directeur scientifique au CNRS et du musée du Quai-Branly. Il est directeur d’études à l’EHESS. Il est l’auteur d’une œuvre considérable dont : Les Tribus dans l’Histoire et face aux États, (CNRS, 2010), Le Corps Humain. Conçu, Supplicié, Possédé, Cannibalisé, (CNRS, 2009), Communauté, Société, Culture. Trois clefs pour comprendre les identités en conflits (CNRS, 2009), Au Fondement des sociétés humaines. Ce que nous apprend l’anthropologie (Albin Michel, 2007), Métamorphoses de la Parenté (Fayard, 2004), L’énigme du don (Fayard, 1996), L’idéel et le matériel : pensée, économies, sociétés (Fayard, 1984), La production des Grands Hommes (Fayard, 1982). « Maurice Godelier fut l’assistant de Claude Lévi-Strauss au Collège de France dans les années 1970, avant de construire sa propre carrière d’anthropologue, qui le conduisit à recevoir comme lui la médaille d’or du CNRS. Spécialiste des sociétés de Papouasie – Nouvelle-Guinée, ses questions sont issues du croisement entre marxisme et structuralisme : « l’infrastructure » (l’économie, les rapports de production) détermine-t-elle la « superstructure » (la religion, le droit, l’art), ou celle-ci a-t-elle une forme d’autonomie ? Et comment penser cette relation dans des sociétés où elle ne passe pas, comme dans les nôtres, par la forme centralisatrice de l’État ? Des interrogations qui l’ont conduit à construire sa propre œuvre, internationalement reconnue, et à former une nouvelle génération de chercheurs. [...] C’est sur l’homme et son parcours politique que l’ouvrage se conclut [...]. Le conservatisme et le pessimisme de Lévi-Strauss sont plusieurs fois soulignés, ainsi que sa thèse selon laquelle l’histoire est purement contingente. Maurice Godelier croit en la science et en l’histoire, qu’il conçoit toutes deux comme des « avancées », là où Lévi-Strauss procède plutôt par bricolages et témoignages. Une conception de la science indissociable de celle de l’art [...]. L’homme ressurgit ainsi derrière l’œuvre, au moment où celle-ci apparaît comme dépassée. Mais il fallait un savant de la taille de Godelier pour s’y mesurer. » (Frédéric Keck, Le Monde) La rencontre sera animée par Bernard Vainqueur. |
Mardi 3 juin18h30
Didier Vergnaud dirige les éditions Le Bleu du ciel. Il a conçu en 1990 la revue murale de poésie L’Affiche, soixante-neuf numéros parus jusqu’en 2010. Depuis 2001 est ouvert un catalogue d’édition, sous l’enseigne Le Bleu du ciel, consacré à la poésie contemporaine sous toutes formes d’expression et aux travaux plastiques d’écrivains, ceci parallèlement au travail de promotion de l’écriture contemporaine. Le thème central de Factures du temps est celui de l’identité attaquée et formant sa défense. La résistance passe par la langue mise sous pression. Des ensembles accélérés se constituent entre choses, gens, espaces, temps. Le sens s’engendre par recoupements et répétitions de sentiments narrés à rebours. Factures du temps propose un choix de poèmes écrits dans un temps long, plus de vingt ans. Retenus pour leurs singularités, leurs jeux sur les densités, ces textes proposent une unité fictionnelle à la rencontre de diverses conduites et témoignages. « Il engage une lecture du monde dans l’expérience de la fulgurance entre l’élan et la chute, le déchirement et la jonction. Il y a dans son écriture le besoin profond de questionner une réalité envahissante et d’en faire l’instrument d’un chant réduit à sa vibration la plus ténue. » (Didier Arnaudet, JunkPage). La rencontre sera animée par Vincent Lafaille. |
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Mardi 27 mai18h30
Autour de son ouvrage : L’imposture scolaire ; la destruction organisée de notre système éducatif par la doctrine des (in)compétences, publié aux Presses Universitaires de Bordeaux. Alain Planche a enseigné l’économie, les statistiques et les mathématiques de 1973 à 2011 en AES et à l’université Montesquieu-Bordeaux IV, ainsi que dans le cadre de la préparation aux concours du CAPES et de l’agrégation. « Il est aujourd’hui communément admis que notre système éducatif est en crise. Mais les diagnostics inquiétants ne datent pas d’hier. Les remèdes qui ont été administrés au malade n’ont fait qu’accélérer son délabrement. Pourtant, malgré ces échecs répétés, toute remise en cause du discours dominant est systématiquement dénigrée et son auteur se voit qualifié de vil réactionnaire : il ne serait qu’un barbare qui refuse de se convertir à la vraie foi. [...] Le débat sera animé par Hugo Fourcade. |
Vendredi 23 mai18h30
Jean Marie Forget est psychiatre et psychanalyste, membre de l’Association Lacanienne Internationale. Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages dont Quelle autorité pour nos enfants ? (Érès, 2014), Les enjeux des pulsions (Érès, 2011), Les troubles du comportement, où est l’embrouille ? (Érès, 2010). « Alors même que la sexualité semble envahir l’ensemble de la vie sociale, on constate une difficulté des hommes et des femmes à trouver l’assise de leur identité sexuée. Confrontés à un discours social qui réduit la différence sexuée à une affaire toute relative, liées aux « genres », les hommes et les femmes expriment souvent leur mal-être de façons détournées. Les femmes, privées de la fiabilité d’un discours qui assurerait leurs droits et la reconnaissance de la différence, posent de manière indirecte des questions sur leur féminité en développant des troubles alimentaires, en recourant à une IVG en dépit de la contraception, en se confrontant à des échecs scolaires ou professionnels brutaux et incompréhensibles. De leur côté, les hommes aussi ont du mal à affirmer leur position masculine, oscillant entre un autoritarisme, des propos sans consistance et des mises en acte inconséquentes. En les rapportant aux conditions de la parole et aux formules de la sexuation introduites par Jacques Lacan, Jean-Marie Forget propose de décoder ces manifestations symptomatiques. Pour lui, elles révèlent les difficultés à reconnaître l’altérité, qui s’expérimente dans la différence sexuée, comme fondement de la subjectivité de chacun : l’altérité entre les êtres qui, quand elle est bafouée, resurgit dans des débordements racistes, et l’altérité à l’égard de soi-même qui à notre insu s’échappe dans nos actes. Car, ce qui fait de nous des êtres de parole est à jamais insaisissable, mais l’est différemment en position d’homme ou de femme. » Table ronde avec la participation de Jacqueline Broustra, Marie-José Grihom et Jean-Marie Rebeyrol. |
Jeudi 22 mai18h30
Écrivain et homme de télévision, Guy Rechenmann est un personnage original au parcours atypique. Le hasard, il n’y croit pas beaucoup préférant parler de coïncidences, son thème de prédilection. Flic de papier est son quatrième roman. « Printemps 1988, un homme disparaît au Cap-Ferret. La disparition, c’est une blessure jamais refermée et c’est un peu mon histoire… Originaire de Chambéry et récemment muté au commissariat d’Arcachon pour retrouver des couleurs après une sordide affaire, moi Anselme Viloc, simple inspecteur de police, suis chargé de l’enquête. Alors, tous les jours ou presque, je prends la pinasse et traverse le bassin. Cela, je ne m’en plains pas : la presqu’île est envoûtante… Dans cette affaire, bizarrement, il n’y a pas le moindre embryon de piste. De surcroît, ici les gens parlent peu aux étrangers et encore moins aux flics. Par chance, j’ai noué des liens avec Éric le jeune pilote de la navette et David, le patron de l’Escale, garçons de bon sens. Eux, ils connaissent du monde… Ce roman policier original va vous entraîner dans un univers subtil aux énigmes multiples sur fond de champs de courses et de mafia russe, avec des personnages attachants : Lily une petite fille à l’intelligence vive qui pleure son chat, Solange sa mère, une jolie femme désemparée… et Anselme, le flic de papier à la recherche d’une intuition qui joue sans cesse à cache-cache. » La rencontre sera animée par Bernard Junca. |
Mardi 20 mai18h30
Jean Casset a travaillé dans une grande surface comme pâtissier. « En évitant les clichés habituels sur le travail en entreprise, l’auteur nous livre plus qu’un témoignage sur la vie d’un pâtissier salarié de la grande distribution. Certes le « profit » est invoqué à tous moments par les dirigeants – le fameux chiffre d’affaires – mais cette antienne n’entraîne guère une rationalisation des choix et des décisions. Au rêve des salariés de « bien travailler » s’opposent bien souvent le manque de matériel ou les conditions d’exercice de leur activité. Faisant fi d’a priori politiques, syndicaux ou théoriques explicites, Jean Casset se contente de noter ce qu’il fait ou constate pour laisser le lecteur tirer les conclusions de son choix. À ce titre il effectue une véritable enquête anthropologique à une échelle microscopique, en adoptant le point de vue « d’en bas » pour nous donner à voir ces « savoirs qui ne sont pas sus ». Le débat, organisée dans le cadre des rencontres Espaces Marx, sera animé par Michel Feynie et Vincent Taconet. |
Samedi 17 mai11h
Agrégée de l’université, psychanalyste formée par Jacques Lacan, Colette Soler pratique et enseigne la psychanalyse à Paris. Elle est membre fondateur de l’École de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien et a notamment publié Lacan, l’inconscient réinventé (PUF, 2009), Ce que Lacan disait des femmes (Champs Lacaniens, 2003), Qu’est-ce qui fait lien (Champs Lacaniens, 2012). « Dire ce que la psychanalyse lacanienne fait des affects qui nous affectent, en tant que symptômes par exemple, tel est le but de cet ouvrage. Lacan, dit-on, négligea les affects du sujet au profit du langage et du signifiant. Ceux-ci, en effet, ne se déchiffrent pas, ils sont effets d’un seul signifiant : le phallus. Une exception à cela, l’angoisse, qui se réfère non au signifiant phallique, mais à son effet de soustraction dans le réel, qui est l’objet a. Sans l’Autre, point d’affects, c’est le discours qui, en les nommant, les fabrique. [...] L’attente, parente de la frustration, est une forme du désir, attente de savoir ce qui de son être de désir ou de jouissance cause les souffrances symptomatiques. Reste l’horreur, partagée par l’analyste, et le deuil à faire, par les deux protagonistes d’une cure, de l’objet a qui manque, aussi bien dans le symbolique du langage, que dans l’imaginaire de corps et le réel du parlêtre. Un terme est mis alors au mirage de la vérité : un impossible démontré. Ne désespérons pas, car il est un autre affect qui marque la fin de la cure : la satisfaction, voire l’enthousiasme, qui peut servir de support à un changement de jouissance, voire au désir de l’analyste. Avec l’espoir de « ferrer » lalangue incarnée de l’analysant, de « faire réel », alors que toute l’analyse tente de « faire vrai ». (Philippe Danhaive, AFB) La rencontre sera animée par Philippe Madet. |
Vendredi 16 mai18h30
Agrégé de philosophie, Henri Pena-Ruiz est professeur de chaire supérieure en khâgne classique au lycée Fénelon, et maître de conférence à l’Institut d’études politiques de Paris. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Qu’est-ce-que l’école (Gallimard, Folio, 2005), Leçons sur le bonheur (Flammarion, 2004), Histoire de la laïcité (Gallimard, 2005), Dieu et Marianne (PUF, 2012). Il vient de faire paraître un Dictionnaire amoureux de la laïcité aux éditions Plon. « Marx a souligné avec force de quelle façon l’exploitation des travailleurs s’assortit d’un véritable pillage de la nature, réduite à un réservoir de ressources puisées sans mesure ni précaution. Profit oblige… Il a montré ce qui advient quand le social – ou tout simplement l’humain – n’est plus qu’un résidu facultatif de l’économique : sous prétexte d’efficacité économique le système capitaliste relègue la question sociale au rang d’un problème inessentiel, abandonné aux hasards de l’aumône. Il externalise les coûts sociaux, écologiques, culturels, d’une quête maladive de profits calculés en dividendes d’actions lancées de le tourbillon de la spéculation financière. Marx a identifié ainsi de façon prémonitoire le couplage actuel entre l’ultralibéralisme et la religion conçue comme supplément d’âme caritatif. Le retour des fanatismes religieux peut trouver ici une de ses explications. Penseur de l’émancipation universelle, Marx a montré le chemin d’une société réconciliée avec elle-même. Son action en faveur d’une internationale des travailleurs prend un nouveau sens à l’âge de la mondialisation capitaliste. Bref, sa pensée livre les clés de notre monde étrange et paradoxal, où de nouvelles figures de la misère coexistent avec l’opulence extrême. Elle esquisse un horizon possible d’accomplissement de toute l’humanité, enfin délivrée de la lutte des classes. » (P.G.75) Le débat, organisée dans le cadre des rencontres Espaces Marx, sera animé par Bernard Vainqueur. |
Jeudi 15 mai18h30Pour des raisons indépendantes de notre volonté, la rencontre est annulée. Avec toutes nos excuses. Pour son récit Le chemin des morts publié aux éditions Gallimard. François Sureau est né en 1957 à Paris. Ancien membre du Conseil d’État, il est aujourd’hui avocat. Écrivain, il a déjà publié aux éditions Gallimard : La corruption du siècle (1988), L’infortune (1990), L’aile de nos chimères (1993), Les Alexandrins (2003), La chanson de Passavant (2005), L’obéissance (2007), adapté en BD par Franck Bourgeron (Futuropolis, 2009), Inigo (2010), Sans bruit sans trace (2011). « Paris, 1983. Jeune auditeur au Conseil d’État affecté à la commission des recours des réfugiés et, à ce titre, chargé d’apprécier les dossiers des demandeurs, François Sureau eut un jour à émettre un avis sur la demande d’un réfugié politique basque. Arrivé en France en 1969, fuyant la justice franquiste, Javier Ibarrategui avait-il à y demeurer, protégé par le droit d’asile, alors même qu’entre-temps l’Espagne s’était convertie à la démocratie ? Les strictes règles du droit incitèrent le jeune juriste à se prononcer pour un retour de l’ancien activiste dans son pays d’origine. Quelques mois plus tard, à Pampelune, Ibarrategui fut exécuté par un commando paramilitaire lié à l’ancienne police franquiste. C’est sans hausser le ton, mais avec, dans la voix, sobres autant qu’obstinées, les inflexions mêlées du chagrin et du remords que François Sureau revient sur ce moment. Considérant, non sans détresse, le jeune homme qu’il était alors, trop vert, trop sûr de lui, trop persuadé que droit et justice ne peuvent qu’être synonymes. Demeuré indifférent aux multiples signaux qui eurent dû l’alerter du drame à venir. Habité, depuis lors, par l’intranquillité, l’obsession de la responsabilité. » (Nathalie Crom, Télérama) La rencontre sera animée par Christophe Lucet. |
Mercredi 14 mai18h30
Ancien joueur et ancien président de club, écrivain, directeur adjoint des services culture et environnement du conseil général de la Gironde, Éric des Garets est l’auteur de plusieurs ouvrages. Le rugby, la poésie et François Mauriac sont ses terrains de prédilection. Né en 1969, Donatien Garnier est journaliste et rédacteur au sein du Collectif Argos depuis 2003. Il est également poète, auteur d’un Recueil d’Écueils, cartographie du phantasme insulaire publié en 2006 aux éditions Les Bords Perdus. Il n’existe ni route ni voie royale pour atteindre à la poésie, mais des sentiers traversiers à demi effacés, des chemins creux aux entrées dissimulées. Pour Éric des Garets et Donatien Garnier la pratique du rugby fut l’un de ces accès de hasard. Et le désir de célébrer l’existence ce lien entre le ballon ovale et le poème, le point départ d’un recueil à deux voix.
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Mardi 13 mai18h
Hervé Rakoto Ramiarantsoa est géographe, professeur à l’université de Bordeaux Montaigne (UMR ADESS/CNRS). « Les politiques environnementales à Madagascar, notamment celles de conservation de la biodiversité, induisent de nouvelles recompositions spatiales et modifient l’articulation entre toute une série de pouvoirs et les savoirs locaux dans le monde rural. À partir d’un important travail de terrain, ce livre analyse les pratiques agraires et les stratégies villageoises face aux actions de conservation. Centré sur le corridor forestier betsileo tanàla, haut-lieu stratégique de la politique environnementale nationale, l’ouvrage met en lumière les reconfigurations des ruralités, imposées par la nouvelle dimension écologique du développement. Il soulève aussi la question cruciale de la lutte contre la pauvreté dans ce contexte environnemental. Cette analyse fine, qui s’appuie sur des données nouvelles et originales, intéressera tous ceux concernés par les relations entre la gestion de la biodiversité et le développement rural, à Madagascar et plus largement dans les pays du Sud : chercheurs, enseignants et étudiants, mais aussi développeurs, ONG et bailleurs de fonds. » La rencontre, organisée dans le cadre des Géo-Mardis d’ADESS, sera animée par Pierre-Yves Saillant. |
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