L’orage et la loutre, Lucien Ganiayre
les éditions de l’Ogre
229 pages
18 Euros
« Et peu à peu, dans le silence et la solitude, mon corps devenait un autre monde. Il semblait devenir infini et je me perdais en lui. Je l’entendais gronder, frémir, sonner, vibrer, hurler confusément comme une ville énorme. Je me voyais couché dans un grand parc, au centre d’une capitale. Et tous les bruits de la cité en pleine furie de vie grondaient sourdement dans le ressac du sang à mes oreilles. Des roulements, des chocs, des arrachements de camions et des chariots se heurtaient dans mes artères et mes veines, avec des clapotements clairs de sabots légers, de pluie giflant l’asphalte et les murailles avec des engorgements d’égouts et de foules bousculées. Sans bouger, les yeux clos, je serrais les dents, et j’écoutais tous ces bruits de ma chair vivante et vigoureuse. Je distinguais dans le tumulte, des vibrations aiguës, zigzaguant en éclairs tout au long de mes nerfs avec des gerbes d’étincelles éclatantes.
Lucien Ganiayre est mort en 1966
L’orage et La Loutre est son unique roman. »