Les choix des libraires

Le Wok Machine à Lire guide vos lectures

Les choix des libraires


Mère et le crayon, Josef Winkler

éditions Verdier
89 pages
14,00 Euros
Mère et le crayon.jpg« Tout commence en Inde, à Ellorâ, où le narrateur déambule sans fin dans des temples bouddhistes creusés dans le roc. De temps à autre, il se plonge dans la lecture du bref journal d’Ilsé Aichinger, Kleist, mousse, faisans. Une phrase le transporte soudain en 1943, le jour où son grand-père reçoit un courrier lui annonçant qu’Adam, le troisième de ses fils, est mort au front, comme ses deux frères avant lui. La mère du narrateur apprend la triste nouvelle par cette formule elliptique : « Notre Adam rentre aussi, mais autrement… »
Un profond silence s’étend alors sur le domaine familial. De toute sa vie, la mère du narrateur – récemment décédée – ne parlera plus. Mère et le crayon lui est tout entier consacré, et dépeint différentes scènes de sa vie, entrecoupées d’extraits du Malheur indifférent, de Peter Handke, et du récit autobiographique de Peter Weiss, Adieu aux parents.

Six ans après Requiem pour un père, Josef Winkler nous livre aujourd’hui son « requiem pour une mère ». »


Maison des autresSuivi de Un moment comme ça, Silvio D’Arzo

éditions Verdier
87 pages
6,20 Euros
Maison des autres.jpg« Ici, en haut, il y a une certaine heure. Les ravines et les bois, les sentiers et les pâturages deviennent d’une couleur vieille rouille, puis violette, puis bleue : dans le soir naissant, les femmes soufflent sur leurs réchauds, penchées au-dessus des marches, et le bruit des clarines de bronze arrive clairement jusqu’au village. Les chèvres se montrent aux portes avec des yeux qui semblent les nôtres. »
La douloureuse question qu’une vieille femme, après lapsus et repentirs, pose au prêtre d’un village perdu de l’Apennin, dans Maison des autres, ne peut avoir de réponse : l’univers minéral et désolé où elle affleure, par la magie d’une prose obsédante, se referme sur le drame indicible qui fait le livre. Tout aussi dense est la rencontre d’un instituteur et d’un « veuf de village », à la fin de la guerre, dans Un moment comme ça, qui débusque le tragique sous l’apparence du sordide, et qu’on peut lire comme un double de Maison des autres dont la figure féminine serait absente.
Mais le vrai mystère de ces deux récits tient à la façon dont leur rythme même transforme en consolation la profondeur du deuil. »
« Maison des autres est un des plus beaux livres qu’on ait jamais écrit sur ce que la vie a, foncièrement, d’impossible. »
Patrick Mauriès, Libération

Chef d’œuvre.
Un choix d’Hélène.


Abel dans la forêt profonde, Aron Tamasi

éditions Héros-Limite
299 pages
20,30 Euros
Abel dans la forêt.jpg« Après quoi je me dis : quelle créature mystérieuse que l’homme ! Le jour, il lutte contre ce qui est, et la nuit il lutte contre ce qui n’est pas. Et lorsque le jour et la nuit passent, ce qui avait existé devient parfaitement identique à ce qui n’avait pas existé. Quelle curieuse créature ! Il a tant d’intelligence, qu’il est capable de fabriquer une arme en acier, comme il est capable d’inventer le diable du néant, mais il ne pourra jamais deviner ce qui arrivera demain, pourtant, il aurait été facile de deviner avant-hier ce qui allait arriver hier. »

Abel est une forte tête! Quel sens de la répartie! Mais quand son père l’envoie travailler comme garde champêtre il se retrouve confronté au monde des adultes. Sans scrupules et retors… La verve d’Abel s’étiole. Mais il a des ressources.
Récit d’abord drolatique puis émouvant. Texte magnifique peu remarqué lors de sa sortie.
A découvrir!
Un choix de Christophe.


La vague de l’océan, Ambrose Bierce

Interférences
68 pages
12,20 Euros
la-vague-de-l-ocean.jpg« A jamais marqué par les massacres de la guerre de Sécession qui inspirèrent ses plus beaux récits, possédé par le démon de l’aventure qui l’entraîna dans la conquête de l’Ouest, la ruée vers l’or et la révolution mexicaine, grand pourfendeur de la bêtise et de l’hypocrisie dans ses chroniques journalistiques qui le rendirent célèbre aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle, Bierce l’Amer reste dans l’histoire de la littérature américaine l’un des grands maîtres du macabre et de l’humour noir.

Ce petit recueil inédit en français est de la veine des Fables Fantasques : Bierce s’abandonne ici à un délire presque surréaliste, dont l’extravagance balance allègrement par-dessus bord conventions littéraires, personnages, narrateur – et lecteurs. »

Que de naufrages !!!
Imaginez la plume de Melville possédée par l’esprit des Monty Python…
Bierce, plus connu pour son *Dictionnaire du diable* (chef d’œuvre) est en plein délire.
À se noyer de rire !!!
Un choix de Christophe.


Le boxeur polonais, Eduardo Halfon

-
66 pages
7,50 Euros
Le boxeur polonais.jpg« Un enfant est fasciné par les cinq chiffres tatoués à l’encre verte que son grand-père, né à Lodz, en Pologne, porte sur son avant-bras gauche. Le vieillard explique qu’il s’agit de son numéro de téléphone… reproduit là pour ne pas l’oublier. Le mystère, jamais abordé en famille, reste entier jusqu’à un après-midi pluvieux, quand le grand-père raconte à son petit-fils comment il a survécu dans le camp d’Auschwitz. Mais faut-il croire à ce récit ? Est-il unique ? Et où se situe la frontière entre réalité et littérature ? »

Une pépite !
Un choix d’Hélène.


L’épouse hollandaise, Eric McCormack

éditions Points
369 pages
9,90 Euros
epouse hollandaise.jpg«Au fil de mes visites, ce vieil homme à l’allure tout à fait quelconque m’a raconté une des histoires les plus extraordinaires que j’aie jamais entendues.» Sur son lit de mort, Thomas raconte l’histoire de Rachel, sa mère, qui a connu deux hommes dans sa vie. Le premier, son mari Rowland Vanderlinden, n’est jamais revenu d’un long voyage. Le second a pris son nom et sa place, il a aimé Rachel, puis est mort à la guerre, emportant son secret dans la tombe. Thomas est parti à la recherche du vrai Rowland. Un aventurier qui, d’un monastère perdu du Tibet à l’archipel des Motamuas en plein Pacifique, semble avoir vécu mille vies.


Banjo: une histoire sans intrigue. , Claude McKay

éditions de l’Olivier
381 pages
14,90 Euros
banjo.jpg« Marseille, 1929. Lincoln Agrippa Daily, alias Banjo (comme l’instrument dont il joue dans les bars), docker occasionnel, est un Noir américain en quête de plaisirs et d’aventures. Dans cette ville légendaire pour tous les marins du monde, il déambule, en compagnie d’amis et de connaissances de passage. C’est dans les bas-fonds, les lieux clandestins, les rades plus ou moins louches qu’ils rencontrent prostitué(e)s et maquereaux, voyous en tout genre, marins en bordée… et surtout, des musiciens.
Porté par le blues survolté de Papa Charlie Jackson et son Shake that thing!, Banjo est une plongée dans le fantastique social cher à Mac Orlan, une fresque aux couleurs criardes, une série de tableaux où la misère côtoie le dandysme de la pègre… Un roman-opéra où les cadences du jazz se mêleraient aux airs de Carmen et de Mistinguett. »


Passé imparfait, Julian Fellowes

éditions 10/18
643 pages
9,60 Euros
passe imparfait.jpg« Une invitation de Damian Baxter ? Voilà qui est inattendu ! Cela fait près de quarante ans qu’ils sont fâchés ! Inséparables durant leurs études à Cambridge, leur indéfectible amitié s’est muée en une haine féroce, à la suite de mystérieux événements survenus lors de vacances au Portugal en 1970. Après de déconcertantes retrouvailles, la révélation tombe : riche, à l’article de la mort, Damian charge le narrateur, sur la foi d’une lettre anonyme, de retrouver parmi ses ex-conquêtes – six jeunes filles huppées qu’ils fréquentaient alors – la mère de son enfant. Un voyage vers le passé plein de fantômes et de stupéfiantes révélations… Avec une verve élégante, le créateur de la série Downton Abbey signe un portrait au vitriol de l’aristocratie anglaise bousculée par les sixties. »

Ce roman, très agréable, suit des personnages un peu mélancoliques face à la disparition de la société et des usages qui la structuraient à l’aube des années 60 et du « swinging London ».
So british !
Un choix de Danielle.


Temps glaciaires, Fred Vargas

éditions Flammarion
489 pages
19,90 Euros
Temps glaciaires.jpg« Adamsberg attrapa son téléphone, écarta une pile de dossiers et posa les pieds sur sa table, s’inclinant dans son fauteuil. Il avait à peine fermé l’oeil cette nuit, une de ses soeurs ayant contracté une pneumonie, dieu sait comment.
- La femme du 33 bis ? demanda-t-il. Veines ouvertes dans la baignoire ? Pourquoi tu m’emmerdes avec ça à 9 heures du matin, Bourlin ? D’après les rapports internes, il s’agit d’un suicide avéré. Tu as des doutes ?
Adamsberg aimait bien le commissaire Bourlin. Grand mangeur grand fumeur grand buveur, en éruption perpétuelle, vivant à plein régime en rasant les gouffres, dur comme pierre et bouclé comme un jeune agneau, c’était un résistant à respecter, qui serait encore à son poste à cent ans.
- Le juge Vermillon, le nouveau magistrat zélé, est sur moi comme une tique, dit Bourlin. Tu sais ce que ça fait, les tiques ? »

Jubilatoire!
Un choix de Danielle et Hélène.


La trilogie du BaztánLe gardien invisible : une enquête de l’inspectrice Amaia Salazar, Dolores Redondo

éditions Folio policier
518 pages
8,50 Euros
Le gardin invisible (Trilogie du Baztan).jpg« Une enquête de l’inspectrice Amaia Salazar
Au Pays basque, sur les berges du Baztán, le corps dénudé et meurtri d’une jeune fille est retrouvé, les poils d’un animal éparpillés sur elle. La légende raconte que dans la forêt vit le basajaun, une étrange créature mi-ours, mi-homme… L’inspectrice Amaia Salazar, rompue aux techniques d’investigation les plus modernes, revient dans cette vallée dont elle est originaire pour mener à bien cette enquête qui mêle superstitions ancestrales, meurtres en série et blessures d’enfance.
« Mythologies basque et familiale se confondent, l’intrigue se nimbe d’une atmosphère quasi surnaturelle. La magie opère. Dolores Redondo serait-elle la cousine espagnole de Fred Vargas ? »
Madame Figaro »

Une ambiance envoûtante… Un pays basque loin de tout cliché.
Un choix de Danielle.


La trilogie du Baztán – De chair et d’os, Dolores Redondo

éditions Mercure de France
549 pages
25,50 Euros
De chair et dos (Trilogie du Baztan).jpg« Brillant élément du commissariat de Pampelune, l’inspectrice Amaia Salazar se voit chargée d’enquêter sur d’atroces crimes sexuels. Les victimes sont des femmes et tout semble indiquer que les bourreaux soient leurs maris ou compagnons. Mais des rituels macabres, qui rappellent des pratiques de sorcellerie locale, laissent penser qu’un fou diabolique pourrait orchestrer ces meurtres en série. Salazar n’a pas fini de découvrir les turpitudes de cette vallée de Baztán dont la rivière semble emporter les secrets terrifiants.
Amaia Salazar a d’autant plus de mal à mener son enquête qu’elle vient de donner naissance à l’enfant qu’elle et son compagnon ont tant désiré. Pas facile de devenir mère quand la mort rôde et que le souvenir de celle qui vous a donné la vie vous inflige de violents cauchemars. Mais la jeune femme entend bien aller jusqu’au bout de ses recherches, quels qu’en soient les résultats. »

Il s’agit de la suite, enthousiasmante, du Gardien invisible de la trilogie de Baztan. L’horreur des crimes commis est exacerbée par l’atmosphère envoûtante de la Navarre qui sert de cadre à ce polar à la limite du fantastique. L’originalité de cette ambiance peut nous faire penser à une version sombre de Fred Vargas.
Un choix de Danielle.


Noir septembre, Inger Wolf

Mirobole
346 pages
21 Euros
Noir septembre.jpg« Septembre touche à sa fin dans la ville portuaire d’Arhus au Danemark.
Un soir, Anna, une jeune mère célibataire, ne rentre pas de son jogging quotidien dans les bois. Au matin, on trouve son corps sur un lit de feuilles mortes au milieu d’une clairière, la gorge tranchée, un bouquet de ciguë séchée étalé sur la poitrine… Une mauvaise rencontre ? Mais bientôt le commissaire Daniel Trokic et son équipe découvrent un lien entre Anna et un brillant chercheur en psychiatrie disparu huit semaines plus tôt.
De fausses pistes en rebondissements, la police criminelle d’Arhus n’est pas au bout de ses peines…
Inger Wolf livre avec ce polar rythmé, Grand prix du thriller danois, une formidable autopsie des folies humaines. »