Les choix des libraires
        - Dans la catégorie : littérature

Le Wok Machine à Lire guide vos lectures

Les choix des libraires


Xénia, Gérard Mordillat

Le Livre de Poche
384 pages
7,30 Euros
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« Xenia a vingt-trois ans et un bébé de cinq mois. Elle fait des ménages dans une entreprise de nettoyage. Quand elle est licenciée, Blandine, son amie, réussit à la faire embaucher au supermarché, à ses côtés.
La vie reprend jusqu’au jour où tout bascule pour Blandine, menacée à son tour de licenciement. Les deux jeunes femmes vont faire front ensemble… Xenia, c’est une histoire d’amitié, de rébellion, de solidarité. C’est Thelma et Louise en lutte contre la violence de la société, portées par les élans du coeur. »

Du « grand Mordillat »…
Roman social, humaniste, juste.
Une magnifique histoire de femmes.

Un choix d’Hélène


Jacob, Jacob, Valérie Zenatti

Éditions de l’Olivier
165 pages
16€

jacob jacob

« Le goût du citron glacé envahit le palais de Jacob, affole la mémoire nichée dans ses papilles, il s’interroge encore, comment les autres font-ils pour dormir. Lui n’y arrive pas, malgré l’entraînement qui fait exploser sa poitrine trop pleine d’un air brûlant qu’elle ne parvient pas à réguler, déchire ses muscles raides, rétifs à la perspective de se tendre encore et se tendant quand même. »
Jacob, un jeune Juif de Constantine, est enrôlé en juin 1944 pour libérer la France. De sa guerre, les siens ignorent tout. Ces gens très modestes, pauvres et frustes, attendent avec impatience le retour de celui qui est leur fierté, un valeureux. Ils ignorent aussi que l’accélération de l’Histoire ne va pas tarder à entraîner leur propre déracinement.
L’écriture lumineuse de Valérie Zenatti, sa vitalité, son empathie pour ses personnages, donnent à ce roman une densité et une force particulières.

Un choix de Camille et Hélène


La peau de l’ours, Joy Sorman

Éditions Gallimard
156 pages
16,50€

peau de l'ours

Le narrateur, hybride monstrueux né de l’accouplement d’une femme avec un ours, raconte sa vie malheureuse. Ayant progressivement abandonné tout trait humain pour prendre l’apparence d’une bête, il est vendu à un montreur d’ours puis à un organisateur de combats d’animaux, traverse l’océan pour intégrer la ménagerie d’un cirque où il se lie avec d’autres créatures extraordinaires, avant de faire une rencontre décisive dans la fosse d’un zoo.
Ce roman en forme de conte, qui explore l’inquiétante frontière entre humanité et bestialité, nous convie à un singulier voyage dans la peau d’un ours. Une manière de dérégler nos sens et de porter un regard neuf et troublant sur le monde des hommes.

Un choix de Camille


Madame, Jean-Marie Chevrier

Éditons Albin Michel
199 pages
16€

madame

C’est une étrange éducation que Madame, veuve excentrique et solitaire, s’obstine à donner au fils de ses fermiers dans un lointain domaine menacé par la décadence. Que cherche-t-elle à travers lui ? Quel espoir, quel souvenir, quelle mystérieuse correspondance ?
Curieusement, le garçon accepte tout de cette originale. Avec elle, il habite un autre temps que celui de ses parents et du collège. Un temps hanté par l’ombre de Corentin, l’enfant perdu de Madame.
C’est dans ces eaux mêlées que nous entraîne l’écriture secrète, raffinée, et cruelle jusqu’à la fascination de Jean-Marie Chevrier.

Un choix d’ Hélène


Au lieu du péril, Luba Jurgenson

Éditions Verdier
128 pages
13,50€

jurgenson

Le bilinguisme attend son chroniqueur, un chroniqueur terre à terre, qui suivra pas à pas les indices corporels du décentrement. C’est la tâche que je me donne ici : traquer les signes physiques, le tracé palpable de cet hébergement réciproque.
Il s’agit donc d’un reportage. Mais la matière que je cherche à décrire est également celle dont je me sers pour la décrire. C’est comme raconter un incendie avec du feu. Le musicien vous parlera de son instrument, le tailleur, l’ébéniste, le cordonnier, le jardinier, le marin – tous auront des choses à raconter en rapport avec leurs outils et la matière qu’ils travaillent. Pour l’écrivain, l’outil et la matière sont une seule et même chose. La matière de la langue est travaillée avec l’outil de la langue.
L’écrivain façonne lui-même son instrument, chevillé à son corps. En parler, c’est mettre en scène ce corps qui écrit. Le bilingue écrivant – catégorie à laquelle j’appartiens – utilise des outils à double tranchant. Le but de ce livre, c’est de les voir à l’oeuvre. Il arrive que l’on éprouve le besoin de raconter son métier. Pour moi : l’expérience très concrète d’habiter le langage – d’être habitée par lui – en double.
J’ai dit « outil ». Il s’agit bien sûr d’une illusion d’optique. On croit « se servir » de la langue comme on croit que le soleil tourne autour de la terre. En réalité, elle se sert de nous pour vivre et évoluer. Nous sommes son instrument et elle nous façonne en se laissant façonner par nous. Nous sommes sa matière qu’elle travaille tout en se laissant travailler.
Dans une vie vouée à questionner le langage, il arrive un moment où il devient urgent de faire place à ce qui constitue le corps du langage : la langue.
Ce livre n’est pas un retour sur soi, mais une coupe transversale qui se dit la plupart du temps en récits, en anecdotes – en situations. Il s’ouvre sur le témoignage d’une expérience singulière, en montagne, qui s’achève sur un constat : « Au lieu du péril, croît aussi ce qui sauve. »

Un choix de Camille


Autour du monde, Laurent Mauvignier

Éditions de Minuit
384 pages
19,50€

mauvignier   Rencontrer une fille tatouée au Japon, sauver la vie d’un homme sur un paquebot en mer du Nord, nager avec les dauphins aux Bahamas, faire l’amour à Moscou, travailler à Dubaï, chasser les lions en Tanzanie, s’offrir une escapade amoureuse à Rome, croiser des pirates dans le golfe d’Aden, tenter sa chance au casino en Slovénie, se perdre dans la jungle de Thaïlande, faire du stop jusqu’en Floride.

Le seul lien entre les personnages est l’événement vers lequel tous les regards convergent en mars 2011 : le tsunami au Japon, feuilleton médiatique donnant à tous le sentiment et l’illusion de partager le même monde.

Mais si tout se fond dans la vitesse de cette globalisation où nous sommes enchaînés les uns aux autres, si chacun peut partir très loin, il reste d’abord rivé à lui-même et à ses propres histoires, dans l’anonymat.

Un choix d’Hélène et Camille


Eux sur la photo, Hélène Gestern

Éditions Arléa
280 pages
12€

eux sur la photoUne petite annonce dans un journal : Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Son seul indice : deux noms sur une photographie retrouvée dans des papiers de famille. Une réponse arrive : Stéphane a reconnu son père. Commence alors une correspondance, parsemée de détails, d’abord ténus puis plus troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps jusqu’à ce que leurs histoires se répondent.
Avec Eux sur la photo, Hélène Gestern nous livre une magnifique réflexion sur le secret de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie.

Un coup de cœur de Hélène.


Les solidarités mystérieuses, Pascal Quignard

Éditions Gallimard
272 pages
18,80€

les solidarites mysterieuses«Ce n’était pas de l’amour, le sentiment qui régnait entre eux deux. Ce n’était pas non plus une espèce de pardon automatique. C’était une solidarité mystérieuse. C’était un lien sans origine dans la mesure où aucun prétexte, aucun événement, à aucun moment, ne l’avait décidé ainsi.»

Un coup de cœur de Hélène.


Le chemin des morts, François Sureau

Éditions Gallimard
64 pages
7,50€

le chemin des mortsParis, début des années 1980. Un ancien militant basque refuse de rentrer en Espagne après vingt ans d’exil. Il réclame la protection de la France, car il se dit menacé de mort dans son pays. Pour la justice française, l’affaire est délicate. Accéder à cette demande, c’est nier le retour de l’Espagne à la démocratie et à l’État de droit. Refuser serait faire preuve d’aveuglement sur la réalité de ces assassinats visant régulièrement les ex-opposants du franquisme. C’est au narrateur de ce livre, un jeune juriste encore inexpérimenté, qu’il va revenir de trancher.
De la décision de justice qui sera prise et du drame qui en découlera, François Sureau a tiré le plus bref et le plus saisissant de ses textes.

Un coup de coeur de Hélène.


La méthode arbogast, Bertrand de La Peine

Éditions de Minuit
128 pages
13€

la methode arbogastRien de tout cela ne serait arrivé s’il n’y avait pas eu ce moineau. Ni cette chute du haut du bouleau. Valentin Noze n’aurait pas connu le docteur Arbogast, ni sa méthode d’hypnose par l’image, encore moins ses grenouilles. Il ne se serait pas retrouvé sur l’île de Madagascar, et n’aurait pas eu à fuir devant un cyclone ou à pourchasser un ancien mercenaire à travers la forêt de la Montagne d’Ambre… Et puis surtout, il n’aurait pas rencontré Sibylle. Bref, il n’aurait rien vu.

Un coup de cœur de Hélène.


Nos mères, Antoine Wauters

Éditions Verdier
160 pages
14,60€

nos mèresDans un pays du Proche-Orient, un enfant et sa mère occupent une maison jaune juchée sur une colline. La guerre a emporté le père. Mère et fils voudraient se blottir l’un contre l’autre, s’aimer et se le dire, mais tandis que l’une arpente la terrasse en ressassant ses souvenirs, l’autre, dans le grenier où elle a cru opportun de le cacher, se plonge dans des rêveries, des jeux et des divagations que lui permet seule la complicité amicale des mots. Soudain la guerre reprend. Commence alors pour Jean une nouvelle vie, dans un pays d’Europe où une autre mère l’attend, Sophie, convaincue de trouver en lui l’être de lumière qu’elle pourra choyer et qui l’aidera, pense-t-elle, à vaincre en retour ses propres fantômes.
Ce texte, cruel et tendre à la fois, est avant tout le formidable cri d’un enfant qui, à l’étouffement et au renoncement qui le menacent, oppose une affirmation farouche et secrète de la vie. C’est ce dur apprentissage, fait d’intuition et de solitude, qui lui ouvrira plus tard des perspectives insoupçonnées.

Un coup de cœur de Hélène.


Apologie du slow, Fabio Viscogliosi

Éditions Stock
272 pages
19€

apologie du slow« Il y a quelque temps, en milieu d’après-midi, quelque chose d’étrange s’est produit; j’ai réalisé qu’il était urgent de reconsidérer ce qui, dans ma vie, m’apparaissait comme essentiel. L’urgence était telle que je ne pouvais attendre un jour ou une seconde de plus. »
Fabio Viscogliosi poursuit une entreprise romanesque faite de fragments d’existence avisés et électriques. Un manifeste en forme d’autoportrait jubilatoire, aussi ludique qu’inventif, aussi pudique que burlesque.

 

Un coup de cœur de Vincent.