Les choix des libraires

Le Wok Machine à Lire guide vos lectures

Les choix des libraires


« Paul a un travail d’été » « Paul en appartement », « Paul à la pêche », « Paul à Québec », Michel RABAGLATI

« Paul a un travail d’été » « Paul en appartement », « Paul à la pêche », « Paul à Québec », Michel RABAGLATI

Éd. Pastèque.

Respectivement: 19, 16, 22, et 20 Euros

Paul---Qu-bec.jpegCet été, Valentine, Béatrice et moi vous emmenons à Québec pour rencontrer Michel Rabagliati, figure incontournable du neuvième art québécois, qui met en scène des épisodes extraordinairement ordinaires de la vie de Paul.
Parce que nous n’avons pas réussi à faire un choix, nous vous proposons quatre albums:
« Paul a un travail d’été » nous parle de dominer ses angoisses et ses peurs, de s’épanouir au contact de jeunes filles en difficulté et de vie en collectivité.
« Paul en appartement » introduit le personnage de Lucie et relate une première expérience de vie à deux.
« Paul à Québec » aborde le déclin et la mort d’un proche tout en suscitant beaucoup d’espoir grâce à l’amour qui règne entre les membres de la famille et aide à dépasser la tragédie.
Il est difficile d’expliquer le plaisir suscité par la lecture de ces albums. Les dessins, d’une simplicité et d’une finesse incroyables mettent en valeur toutes les facettes des personnages. Michel Rabagliati est aussi un formidable conteur et possède l’art de traiter avec tact de sujets difficiles. Mélangez le tout avec le subtil langage québécois et envolez-vous…


« Les willoughby » L LOWRY

« Les willoughby » L LOWRY

Éd. L’École des Loisirs

10,50 Euros Coll. Neuf

willoughby.jpgVoici une histoire très farfelue, gentiment parodique des grands classiques de la littérature enfantine. Des parents odieux, un bébé abandonné sur un perron de porte, un vieux milliardaire neurasthénique et des enfants « surdoués » vont vivre des aventures folles sous la protection d’une nounou
aux faux airs de Mary Poppins.
Avec une fin heureuse, mais pas forcément correcte…!


« Le blaireau et le roi », John BERGER

Le blaireau et le roi, John BERGER

Éditions Héros-Limite (24,00 €)

Le blaireau et le roi

Le blaireau et le roi est un livre protéiforme, qui s’ouvre sur un texte, allié à un échange de lettres entre l’auteur John Berger et Marilyne Desbiolles, où il est immédiatement question de rencontre, de partage et d’écriture. On y chemine tranquillement, à son propre rythme, hors des sentiers battus. On y trouve des poèmes (de Rainer Maria Rilke, Paul Celan, Marina Tsvetaïeva pour les plus connus), des photographies et de l’amitié. Enfin, un dialogue entre John Berger et son fils Yves invite « en solidarité », avec l’odeur du café et des cigarettes en toile de fond, à penser l’écriture, la peinture, le monde.


« Un Sultan à Palerme », Tariq ALI (traduction de Diane MEUR)

Un Sultan à Palerme, Tariq ALI (traduction de Diane MEUR)

Éditions J’ai Lu (6,70 €)

Un Sultan à Palerme

Voici le premier volet de la pentalogie de Tariq Ali intitulée Quintet de l’islam. Nous sommes en Sicile au XIIe siècle de notre ère. Le géographe Al-Idrîsî revient à Palerme après avoir achevé sa Géographie universelle. Il revoit alors son ami le sultan Rujari (le roi Roger), qui lui annonce un sacrifice humain allant marquer la rupture entre les communautés arabe et chrétienne. À travers la politique, les voyages et les histoires familiales et amoureuses, Tariq Ali nous entraîne au cœur de cette Histoire vue par les chroniqueurs arabes.

Le second volet s’intitule Le Livre de Saladin, le troisième L’Ombre des Grenadiers, et le quatrième La Femme de Pierre (sortie le 03/06/2010). Chacune de ces histoires, toutes très différentes, évoque certes des événements ou des personnages historiques, mais permettent surtout de confronter, lors d’une période distincte de l’Histoire, les mondes arabo-musulman d’une part et chrétien d’autre part.


« Argent brûlé » (nouvelle traduction), Ricardo PIGLIA

Argent brûlé (nouvelle traduction), Ricardo PIGLIA

Éditions Zulma (20,00 €)

Argent brûlé

On les appelle les jumeaux, mais ils ne sont pas frères, ils sont amants. Et, inséparables, ils vont participer à un braquage qui tournera mal. Nous sommes à Buenos Aires en 1965, et leur cavale, jusqu’à leur arrestation d’une rare violence, est tirée d’un fait divers singulier que Ricardo Piglia, à l’instar de Truman Capote avec son De sang froid, nous fait vivre de l’intérieur. La violence de petits malfrats mêlés malgré eux à des magouilles politiques dans une Argentine instable, enfermés pour se cacher entre l’Argentine et le Paraguay, l’amour et la haine jusqu’à étouffer, jusqu’à exploser, et surtout les personnalités étonnantes des jumeaux nous plongent dans ce récit haletant pour ne relever la tête qu’après la dernière page.


« Grande Encyclopédie du presque rien », Pascal ORY

Grande Encyclopédie du presque rien, Pascal ORY

Éditions des Busclats (15,00 €)

Grande Encyclopédie du presque rien

Connaissez-vous le verbe gésir ? Pourriez-vous donner les dates de règne de Jean Ier ? Vous êtes-vous déjà promené dans la rue des Minimes ? Non ? Et pour cause : Pascal Ory, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de la Sorbonne – Paris I, se fait une joie de sortir de l’oubli des personnages, des lieux, des mots ou des couleurs, parce qu’il n’en reste rien « sauf leur nom que j’écris ici avec précaution, et que vous lisez maintenant, comme une inscription sur un cénotaphe, comme un passage de relais avant l’oubli, qui a toujours le dernier mot ». Laissez-vous alors séduire par ces riens jubilatoires racontés avec force érudition et surtout humour.


« Raison et liberté », Noam CHOMSKY

Raison et liberté, Noam CHOMSKY

Éditions Agone (25,00 €)

Raison et liberté

Les Éditions Agone nous offrent à lire un recueil de textes, pour la plupart inédits en France, du linguiste de renommée internationale Noam Chomsky. L’ensemble montre bien le lien existant entre son travail de linguiste et ses prises de position politique, en s’appuyant notamment sur sa conception de la « nature humaine ». « Je pense, affirme-t-il, que l’étude du langage peut fournir certaines lumières pour comprendre les possibilités d’une action libre et créatrice dans le cadre d’un système de règles qui reflète, au moins partiellement, les propriétés intrinsèques de l’organisation de l’esprit humain. » Noam Chomsky a été reçu lors d’un colloque organisé ces derniers jours par la Chaire de Philosophie du Langage et de la Connaissance du Collège de France (Professeur Jacques Bouveresse), intitulé Rationalité, vérité et démocratie : Bertrand Russell, George Orwell, Noam Chomsky. Ce dernier sera téléchargeable sur le site Web de la chaire. A lire également : un article sur cet événement paru dans Le Monde des Livres daté du 3 juin 2010, ainsi qu’une réaction à cet article publiée le 6 juin 2010 sur le blog Article XI.


« Zulu », Caryl FEREY

Zulu, Caryl FEREY

Éditions Gallimard (collection Folio-Policier) (7,70 €)

Zulu

Dès la première scène, particulièrement violente, nous sommes plongés dans le bain, le bain de sang en l’occurrence…

En Afrique du Sud, l’arrivée de Nelson Mandela au pouvoir n’a pas tout réglé, mais Ali Neuman, dont une partie de la famille fut lynchée alors qu’il était encore enfant, est malgré tout devenu chef de la police à Cape Town. Le pouvoir et l’argent sont encore nettement du côté des Blancs, mais la jeunesse dorée des Afrikaners se mêle parfois aux Blacks pour le sexe, la drogue, le goût du risque…

Le meurtre d’une jeune fille blanche de la haute bourgeoisie constitue le point de départ de cette histoire ultra-violente, dans laquelle les vieux démons du temps de l’Apartheid sont toujours actifs. Neuman et son équipe, malgré les fêlures personnelles des uns et des autres, foncent dans cette mêlée d’une insondable noirceur. Beaucoup s’y perdront. Si vous avez malgré tout envie d’aller assister à la Coupe du Monde de Football là-bas, bon courage !


« Le camp des morts », Craig Johnson

« Le camp des morts », Craig Johnson

Éditions Gallmeister.

23,50 Euros

campmorts.jpgNous sommes ici dans le second volet des aventures du shérif Walt Longmire, de son ami l’indien Henri Standing Bear, rencontrés déjà dans « Little Bird ». Une femme âgée vient de mourir, les soupçons vont amener l’enquête vers le milieu des immigrants basques installés dans ce coin du Wyoming.
Les personnages de Craig Johnson sont d’une extraordinaire humanité, désabusés et ironiques, l’éventail des références va de Shakespeare aux « Village People ». Les vieux fantômes indiens protègent notre héros et le charme agit, ce « simple » polar est un grand moment de lecture !


« La femme du métro », Ménis KOUMANDARÉAS

« La femme du métro », Ménis KOUMANDARÉAS

Quidam éditeur
10 Euros

FemmeMetroG.jpgAthènes, dans les années 70. Koulà, femme mariée de 40 ans et Mimis, jeune homme de 20 ans, se croisent tous les jours sur la même ligne de métro. Cela commence par des regards, un « Bonsoir », puis par des conversations sur la famille, le travail, la vie. Ils sont irrésistiblement attirés l’un par l’autre et vont devenir amants.
Cette brève histoire qui pourrait être des plus banales nous est livrée avec un ton juste et mélancolique à la fois. On y retrouve les deux grands thèmes chers à l’auteur: le charme de la jeunesse et la hantise du vieillissement.
La qualité et la puissance de ce texte, écrit par Ménis Koumandaréas en 1975 en font un classique de la littérature grecque.


« Déluge », Henry Bauchau

« Déluge », Henry Bauchau

Actes Sud
18 Euros

bauchau_deluge.jpgComme dans « L’enfant bleu », nous retrouvons l’art et la folie au centre de l’oeuvre d’Henry Bauchau.
Florian, « peintre fou » et pyromane fait la connaissance de Florence, une femme malade qui change radicalement de vie.
De leur rencontre va naître un projet ambitieux et passionnant: peindre le déluge. Dans cette aventure, ils sont entourés par quelques amis, un enfant et le docteur Hellé.
L’écriture d’Henri Bauchau est encore poétique et magnifique.


« Origine », Diana ABU-JABER

« Origine », Diana ABU-JABER

Sonatine Editions

22,00 Euros

origine.jpgHypnotique. Voici ce qu’on pourrait dire de ce roman noir de Diana Abu-Jaber, premier titre publié en France mais que nous espérons suivi de beaucoup d’autres de cette qualité.
Léna travaille dans une unité scientifique de la police de Syracuse, État de New York. Elle est spécialiste en empruntes digitales et douée d’un sens olfactif impressionnant. Lorsqu’Erin Cogan lui annonce qu’elle ne croit pas au diagnostic de mort subite de son bébé, mais qu’il a été assassiné, Léna, malgré elle, part à la poursuite d’un serial killer qui s’attaque aux nourrissons. Et elle plonge surtout dans sa propre histoire. Orpheline recueillie dans d’étranges circonstances, cette jeune femme fragile et tourmentée doit faire face à son passé pour résoudre l’énigme.
Un roman noir, glacial et bien écrit sur la quête d’identité qui ne manquera pas de vous provoquer, comme dirait Danielle, une « belle insomnie ».