Les choix des libraires

Le Wok Machine à Lire guide vos lectures

Les choix des libraires


La couleur du bonheur, Wei-Wei

« La couleur du bonheur », Wei-Wei

Éditions du Seuil , coll. Points

7,50 Euros

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Enfin!! Voilà la réédition d’un petit bijou de la littérature chinoise. En suivant la destinée d’une grand-mère, sa fille et sa petite fille, nous traversons le quotidien d’une famille ordinaire chinoise et XXème siècle. Entre traditions ancestrales, modernité et politique autoritaire, nous partageons la vie simple et les petites joies du quotidien.
Une vraie leçon de bonheur malgré les aléas de la vie.


Le grand Joseph, Kochka

« Le grand Joseph », Kochka

Éditions Thierry Magnier
à partir de 12 ans
8,50 Euros

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Le grand Joseph, c’est Geddo, le grand-père, « papi », « grand-père » pourrait-on dire en français. La narratrice revient avec tendresse sur son quotidien à Beyrouth, avant la guerre. Elle dépeint avec justesse la rue, la vie de famille. Cette fille partie trop brusquement du Liban pour fuir le Liban rend justice à ses origines, redonne toute sa place à ceux qui sont restés.


Cinq mille kilomètres par seconde, Manuele Fior

« Cinq mille kilomètres par seconde », Manuele Fior

Éditions Atrabile
19,00 Euros
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Lucia et Piero sont voisins. Un été, ils tombent amoureux. Quelques temps plus tard, Lucia s’installe au Danemark pour ses études. Beaucoup plus tard, Piero arrive sur un chantier archéologique en Égypte.
Avec ses portraits parallèles, c’est un récit mélancolique que nous propose Manuele Fior, une fresque intimiste au ton doux-amer, merveilleusement servie par des aquarelles lumineuses. Une vraie réussite.


Les larmes du Phénix, Pascal Vatinel,

« Les larmes du Phénix », Pascal Vatinel,

Éditions du Rouergue
21 Euros

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De cet auteur, nous avions déjà aimé « L’affaire du cuisinier chinois » en 2007. Cette fois-ci Pascal Vatinel nous plonge dans la Corée contemporaine et le jeu trouble des Américains qui aident en sous-main les gens qui fuient le terrible régime de Pyongyang.
Thomas Kessler, journaliste français veut faire un papier sur les filières d’évasion de la Corée du Nord vers celle du Sud. Lors d’un colloque à Washington, il va écouter le récit d’anciens réfugiés aidés par les évangélistes américains très actifs dans cette partie du monde. Au-délà d’itinéraires humains poignants, notre journaliste décripte les ressorts qui lient la CIA, services secrets nord-coréens et police chinoise.


Sept ans, Peter Stamm,

« Sept ans », Peter Stamm,



Éditions Bourgois
18,00 Euros
stamm.jpgAlexander et Sonia se rencontrent pendant leurs études d’architecture. À la suite d’un voyage à Marseille, ils vont former un couple à qui tout semble réussir: ils sont beaux, intelligents et ambitieux. Ils vont collaborer ensemble dans un cabinet d »architecture.
Mais un soir, Alex rencontre Iwona, une émigrée polonaise, opposée exacte de Sonia. Toute relation semble improbable, pourtant Alex est étrangement attiré par elle.
Bien plus qu’un triangle amoureux classique, Peter Stamm nous livre ici un récit d’une grande justesse sur la complexité et la contradiction des sentiments amoureux.
Un livre brillant qui vous donnera envie de découvrir cet écrivain.


Eschyle en Mayenne, Jean-Loup Trassard

« Eschyle en Mayenne », Jean-Loup Trassard

Aux, éditions Le Temps qu’il fait
22,00 Euros

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Les photographies, représentant des vestiges grecs situés en Sicile, ponctuent le texte, une évocation d’Eschyle depuis la campagne mayennaise. On y croise à la fois des personnages du théâtre grec antique telle Cassandre au « langage inconnu et barbare, comme l’hirondelle » et ceux d’un autre monde, aujourd’hui disparu, celui du temps où « nous vivions au milieu des chevaux, mais ici les percherons sont morts maintenant, oubliés presque autant que les chevaux des plus anciennes batailles ». Un beau livre, assurément.


Les Odes, John Keats

« Les Odes », John Keats

Editions Arfuyen

15 Euros

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L’actualité cinématographique offre parfois cet intérêt : celui d’inciter à relire (ou découvrir) certaines plumes. Ainsi, après avoir vu le film de Jane Campion, Bright Star, ne nous privons pas du plaisir de relire John Keats! L’ouvrage paru chez Arfuyen propose une belle présentation par Alain Suid de l’oeuvre du poète romantique anglais et possède l’avantage non négligeable d’être bilingue.


Sukkwan Island, David Vann

« Sukkwan Island », David Vann



Éditions Gallmeister

21,70 Euros

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Un père souhaite faire table rase du passé, rêve d’un nouveau départ. Tout quitter et partir vivre un an de réclusion sur une île d’Alaska. Son fils de 13 ans refuse dans un premier temps de s’y soustraire mais accepte finalement le sacrifice de sa vie au nom de la faiblesse du père. Pendant des mois, il n’y aura que leurs individualités cruellement contraintes à une intimité malsaine et destructrice qui mènera à l’irréversible.
Un roman qui s’inscrit dans la pure tradition littéraire américaine faisant revivre les mythes de la Grande Prairie et de la Reconstruction qui lui sont chers. Une histoire de pionniers du XXIème siècle ayant l’honnêteté de montrer l’inaptitude de l’Homme moderne à retourner à la Nature sauvage. La folie est propice à s’y développer par le repli sur soi imposé à l’individu et l’abolition des règles sociales. Le rapport aux êtres aux matières vivantes sont d’une trop violente clarté, dépouillés du confort qui fait habituellement écran dans nos sociétés civilisées. La perte des repères et de la notion de responsabilité individuelle est alors aisée et est brillamment exposée dans ce roman de David Vann.
Notez que ce roman est disponible en « vo » sous le titre: « Legend of Suicid » à La Machine à Lire.


« Bois mort. Une enquête de John Turner », James Sallis

« Bois mort. Une enquête de John Turner », James Sallis

Gallimard
Coll Folio Policier
6,10 Euros

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Ce court roman nous fait découvrir un nouveau héros, John Turner, ancien flic au passé violent. Il est venu au Tennessee fuir son passé et la ville. Le shérif du comté dépassé par une affaire de meurtre viendra pourtant lui demander de l’aide. Petit à petit, il livrera les circonstances qui l’ont amené à faire de la prison, puis à se réhabiliter comme thérapeute. L’atmosphère et le style sont les atouts de ce polar. La scène d’ouverture où le shérif vient lier connaissance avec John est une réussite. Quelques mots, une bouteille de Wild Turquey partagée et leur complicité s’ébauche tranquillement.
Dernier détail, c’est le début d’une trilogie.


Sylvia, Léonard Michaels

« Sylvia », Léonard Michaels

Christian Bourgois Editeur
17 Euros

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À partir de ses journaux intimes Léonard, jeune apprenti écrivain nous raconte la difficulté d’aimer Sylvia,jeune femme passionnée mais émotionnellement perturbée. Il l’épouse très jeune et vit malgré lui le chaos d’une vie au quotidien avec une maniaco-dépressive. Nous sommes pourtant à New York dans les années 60, la vie culturelle est riche et le futur prometteur mais les rêves de Léonard s’effritent jour après jour face à la violence de la maladie. Alors que faire: subir ou se sauver? Retravaillés 30 ans plus tard, ces journaux se transforment en court roman, où la distance de l’écrivain se mêle parfaitement aux sentiments bruts du jeune de l’époque.
À noter la sortie simultanée du recueil de nouvelles « Conteurs, menteurs » aux éditions Bourgois de cet auteur méconnu, à tort et décédé en 2003.


« La Saison des flèches », Samuel Stento et Guillaume Trouillard

« La Saison des flèches », Samuel Stento et Guillaume Trouillard

Éditions de la Cerise

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Le 12 avril 1879, l’entreprise américaine Mulligan’s Tradition s’engage activement dans la préservation des peuples indiens afin que le Far West fasse encore rêver les générations futures. Fort d’un engagement éthique et culturel des plus louables, l’entrepreneur voit loin, très loin, d’un oeil conquérant : partir à la découverte de nouveaux marchés pour une noble cause… l’idée innovante est enfin trouvée; conserver les Indiens en boîte! Ce modèle de réussite industrielle se se suffirait à lui-même et pourtant l’histoire ne s’arrête pas là.
Des années ont passé, un couple français décide d’adopter une famille indienne. Jour après jour, Chacun tente d’apprivoiser l’Autre, d’échanger, de se découvrir mutuellement jusqu’à tisser une relation profonde et durable. L’appartement s’étire à l’infini pour devenir un territoire immense. Il faut désormais trois jours de cheval pour aller de la chambre au salon. L’aventure est grandiose mais il va falloir faire face à un imprévu de taille: le couple héberge des individus en situation irrégulière!
« La saison des flèches » interroge l’histoire, la politique, l’écologie, la place de l’imaginaire… un concentré de notre époque mis en conserve avec une intelligence remarquable.


Romance nerveuse, Camille Laurens

« Romance nerveuse », Camille Laurens

Gallimard
16,90 Euros

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Laurence R vient d’être congédiée par son éditeur après une polémique qui l’oppose à une auteure hébergée dans la même maison qu’elle. Profondément blessée, incapable d’écrire une ligne, elle prend le large vers une destination touristique, pension complète comprise et y rencontre Luc. C’est l’amorce d’une histoire d’amour improbable entre un paparazzi et un écrivain. Lui est pour le moins instable, pathologiquement versatile, oscillant sans transition entre une goujaterie crasse, une sensibilité exacerbée et une fragilité qui la touchent.
« Romance nerveuse » nous emporte dans les circonvolutions mentales et humaines de cette histoire un brin sado-maso, réelle et écrite, tout à fait captivante.