Les choix des libraires

Le Wok Machine à Lire guide vos lectures

Les choix des libraires


« Côme », Srdjan Valjarevic

« Côme », Srdjan Valjarevic

éditions Actes Sud
263 pages
21,80 Euros
couv-come.jpgLe lac de Côme, une invitation de la fondation Rockefeller, un cadre idyllique, tout pourrait sembler parfait pour le narrateur, jeune écrivain serbe. Mais alors qu’il a obtenu une bourse pour cela, il n’a aucune envie d’écrire. Les autres pensionnaires, universitaires riches et célèbres pour la plupart, sont à des années lumières de son quotidien et il ne sait pas bien ce qu’il fait là. De déjeuner en dîner, se soûlant méticuleusement, marchant parfois, fuyant tant qu’il le peut les mondanités, il va sans le vouloir faire de ce séjour un moment à part dans sa vie jusqu’à espérer que cela ne s’arrête jamais. À travers les rencontres du narrateur, seul pensionnaire à fréquenter régulièrement les habitants du village en contrebas, c’est une vision forte et juste des rapports de classes qui se dessine dans ce roman.


« Le dernier stade de la soif » Frederick Exley, traduit de l’américain par Philippe Aronson et Jérôme Schmidt

« Le dernier stade de la soif » Frederick Exley, traduit de l’américain par Philippe Aronson et Jérôme Schmidt

éditions Monsieur Toussaint Louverture
445 pages
23,50 Euros
Dernier_Stade_Livre.jpgClassique aux États-Unis, mais totalement inconnu en France, le « Dernier stade de la soif » est un roman magistral paré d’une superbe couverture. Fred Exley s’y dépeint comme un inadapté à toute forme de vie sociale, condamné à n’être qu’un supporter quand il se rêvait champion adulé par les foules. Avec un humour ravageur, il dresse le portrait d’une Amérique qui prône des valeurs vides de sens et aussi le sien, un alcoolique, un fou qui s’entraîne dans une chute perpétuelle. Un très grand plaisir de lecture.


« The Book of Other People », sous la direction de Zadie Smith, Penguin

« The Book of Other People », sous la direction de Zadie Smith

Penguin
14,90 Euros
Book.jpg« The Book of Other People » est une étrange compilation orchestrée par Zadie Smith. De la littérature à la bande dessinée, ils sont plusieurs (et pas des moindres) à avoir collaboré au projet. Qui sont ces « ils » ? Daniel Clowes, Chris Ware, Posy Simmonds, Nick Hornby, J.S. Foer etc. Curiosité piquée. Et quel est donc ce « projet » ? Créer un recueil de nouvelles aux airs de clichés instantanés. Un auteur et clic ! un portrait. Toutes ces formes d’écriture si particulières apposent formidablement leurs marques sur l’identité de chaque personnage. Ainsi, Frank n’a rien en commun avec Gordon qui ne ressemble pas plus à Lélé que Magda à Rhoda mais tous sont à connaître. Un ouvrage qui propose différents niveaux de difficulté de lecture.


Keith Haring : *Journals*, Penguin

 

Penguin
420 pages
20,80 Euros
journals.jpgL’introduction de ce livre précise : « Il est évident, d’après les notes laissées par Keith Haring dans son journal, qu’il s’attendait à ce que d’autres le lisent ». Le lecteur parviendra à la même conclusion. Rien ne semble avoir été écrit dans un seul but cathartique, n’ayant de sens que pour l’auteur. Keith Haring a délibérément choisi d’utiliser ses journaux « intimes » comme média pour exprimer son art et, à travers celui-ci, son rapport au monde. Il écrit : « This is my message. The medium is unimportant. It is art as I know it. It is life as I know it. ». Le support n’a pas d’importance, seul le message compte. Photographies et reproductions d’œuvres enrichissent le propos et ouvrent sur d’autres pistes. L’écriture est simple, comme le dessin, et le sentiment d’insoumission puissant. Un témoignage passionnant, loin de ne s’adresser qu’aux amateurs d’art.


« Le léopard », Jo Nesbo, traduit du norvégien par Alexis Fouillet,

« Le léopard », Jo Nesbo, traduit du norvégien par Alexis Fouillet,

éditions Gallimard
760 pages
21,00 Euros
Nesbo.gifIl y a beaucoup d’actualités intéressantes dans le polar ce mois-ci mais on ne résiste pas à une nouvelle aventure de Harry Hole ! Le flic le plus mal en point, le plus désespéré, le plus alcoolo d’Oslo. D’ailleurs il n’est plus en Norvège depuis sa dernière enquête (« le Bonhomme de neige », Folio policier) déjà exceptionnelle, mais à Hong-Kong où il essaie d’atteindre les tréfonds de la déchéance : le jeu, les dettes, l’opium. Une confrère vient le tirer de là, son aide est requise au pays pour faire face à un tueur en série, sa spécialité. Il tombe en pleine guerre des polices, et doit louvoyer dans ce micmac qui lui déplait foncièrement, de plus il n’est apprécié de personne ou presque. Mais comme à chaque fois ses intuitions font mouche et son sens du devoir le fait aller à l’essentiel : coincer le meurtrier. On apprécie Harry pour son côté irréductible, indestructible, politiquement incorrect et son sens de l’humour ; on suit ses déboires personnels et amoureux et on voudrait tellement qu’il s’en sorte !


« L’atelier de la chair », Emmanuelle Pol

« L’atelier de la chair », Emmanuelle Pol

éditions Finitude
127 pages
13,50 Euros
ImageAprès un recueil de nouvelles intitulé « La douceur du corset » paru en 2009 aux éditions Finitude, Emmanuelle Pol revient avec un roman au sujet original : la liaison amoureuse d’une jeune femme et d’un septuagénaire, sculpteur et professeur aux Beaux Arts. Une passion physique et intellectuelle naît entre le maître et son élève. Après des mois d’une liaison secrète, la jeune femme va découvrir le vrai visage de son amant. Commence alors pour elle une longue réflexion sur cette relation factice dont elle va avoir du mal à se défaire. Un premier roman qui traite d’un thème cher à l’auteur, celui de la complexité des liens amoureux.


« L’homme-alphabet », Richard Grossman, traduit de l’anglais (États-Unis) par Heloïse Esquié

« L’homme-alphabet », Richard Grossman, traduit de l’anglais (États-Unis) par Heloïse Esquié

éditions le Cherche Midi
485 pages
21,00 Euros
hom-alp.jpgLe livre tire son titre du surnom de son personnage central, Clyde Wayne Franklin, au corps entièrement tatoué de lettres. Après avoir passé vingt ans de sa vie en prison pour le meurtre de ses parents et être devenu un poète majeur, Clyde se retrouve à Washington à la recherche de sa petite amie Barbie mystérieusement disparue. Il s’enfonce dans une enquête où il ne maîtrise rien, où lui et nous ne savons plus très bien qui le manipule et dans quel but. Entre polar et roman psychologique ce livre frappe par son incroyable liberté. L’enquête alterne avec le récit halluciné de son enfance douloureuse et les interrogations de ses voix intérieures donnant au final un roman riche, profond et puissant.


« Comme une odeur de muscles, contes de village », Fred Pellerin

« Comme une odeur de muscles, contes de village », Fred Pellerin

éditions Le passager clandestin
150 pages
23,00 Euros
comme_odeur_muscles.JPGParce que se faire du bien passe en partie par le rire autant se délecter de ce petit bijou d’humour québécois ! Fred Pellerin, jeune conteur originaire de la Mauricie, nous confie les mœurs les plus burlesques de son village désormais célèbre outre-atlantique : Saint-Elie-de-Caxton. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le CD du spectacle joint à l’ouvrage nous fait redoubler de rire à grand coup d’accent et d’expressions succulentes. Régalez-vous !


« Spooner », Pete Dexter, traduit de l’anglais (États-unis) par Olivier Deparis

« Spooner », Pete Dexter, traduit de l’anglais (États-unis) par Olivier Deparis

éditions de l’Olivier
557 pages
24,00 Euros
Spooner.gif« Spooner » est un de ces romans dont on aimerait qu’il ne finisse jamais. Dès le début, la vie de Spooner est placée sous de mauvais augures. Son père et son grand-père meurent quelques jours avant sa naissance et au terme d’un accouchement épique de 53 heures, Spooner met le nez dehors vivant tandis que Clifford, son jumeau, qui restera à jamais le préféré, est mort-né. À partir de là, Spooner est voué à semer le chaos autour de lui et cela bien malgré lui. De son enfance où, surnommé le Vandale, il pisse dans les chaussures de ses voisins, à l’âge adulte où il est presque laissé pour mort dans un quartier mal famé de Philadelphie, en passant par ses années de lycée et ses « exploits » au base-ball, Pete Dexter dresse un portrait fascinant de son personnage. Entre farce et tragique, entre éclats de rire et larme qui pointe à l’œil, ce livre est aussi le récit de la relation entre Spooner et son beau-père Calmer dont la mission semble être de réparer les torts de cette tornade. Une histoire d’amour filial très forte mais jamais formulée. Enfin dernier conseil : n’omettez pas de lire les onze pages de remerciements qui sont décidément pleines d’humour…


« Perdu ? Retrouvé ! », Oliver Jeffers, traduit de l’anglais par Élisabeth Duval

« Perdu ? Retrouvé ! », Oliver Jeffers, traduit de l’anglais par Élisabeth Duval

éditions l’École des loisirs
30 pages
12,50 Euros
Quand un petit garçon trouve un pingouin devant sa porte, il décide de l’aider à retrouver son chemin. Mais personne ne semble savoir d’où il vient ! Les deux compères s’engagent alors dans un voyage vers le pôle Nord. Mais ce pingouin est-il réellement perdu ou simplement à la recherche d’un ami ? Une découverte, ou redécouverte, de l’univers poétique et attachant d’Olivier Jeffers.


« Blonde platine », Adrian Tomine

« Blonde platine », Adrian Tomine

éditions Delcourt
136 pages
16,50 Euros
blonde_platine (1).JPGAdrian Tomine use d’une grande finesse pour nous parler de l’isolement à travers quatre portraits d’américains moyens. Ils ont en commun un rapport difficile avec les autres leur renvoyant un reflet peu flatteur de leur personne. Pourtant, même à l’abri derrière la porte de leur appartement, le soulagement n’est pas total car rôdent le désœuvrement et l’angoisse. Pris entre la peur de l’impasse et celle du changement, ces « loosers » en quête d’estime d’eux-mêmes développent des comportements extrêmes ou des petites manies presque pathologiques qu’on ne se lasse pas d’observer.


« Les sentiers de l’utopie », Isabelle Fremeaux et John Jordan

« Les sentiers de l’utopie », Isabelle Fremeaux et John Jordan

Edition la découverte
320 pages
25,00 Euros
UTOPIES.jpgQue de belles expériences utopiques dans ce livre-film ! Isabelle Fremeaux et John Jordan nous font partager, partout en Europe, la vie de communautés qui ont choisi de vivre autrement. Voilà des expérimentations de production, d’échange, d’enseignement qui permettent d’envisager l’après capitalisme. Le film et le livre se complètent à merveille et nous voici à rêver d’une autre société…